
La Gaule chevelue, soit la Belgique, l’Armorique, l’Aquitaine et la Narbonnaise, a vu la fin de leur Histoire être écrite par son vainqueur Caïus Julius Caesar. Lequel aura passé huit années à être en Gaule comme à Rome dans un but de promotion personnelle : obtenir les pleins-pouvoirs. Son ouvrage, récit de sa conquête de la Gaule, le BELLUM GALLICUM est du coup une réussite en terme d’ouvrage glorifiant, d’ouvrage propagandiste. On y lit cependant, dans ces imbrications de silences sur des faits relatés qui intriguent les historiens antiques, de la colère, de l’envie, de l’avarice, de l’orgueil. La colère de vouloir venger les sacs de Rome, notamment du gaulois Brennus en -390. L’envie de se servir comme faire-valoir des Gaulois, de piédestal ou tremplin vers le pouvoir suprême à Rome. L’avarice d’agir en conquérant sadique, cherchant toujours plus d’adversité coordonnée entre les mains d’un seul homme, un seul Chef gaulois (car il lui faut un trophée de chasse pour un grand triomphe dans Rome). L’orgueil suinte également dans ses écrits : s’il se fie à ses légats et leur fait confiance en les envoyant en missions de conquête en parallèle de ses retours dans Rome, Jules César tient à garder toute sa propre gloire à lui-même et explique tous les faits relatés avec omniscience et omnipotence : il voyait tout, il pouvait tout.

Ce grand leader gaulois, Vercingétorix, est étranglé dans une geôle dans Rome, après avoir été montré en trophée de chasse. La perfide Gaule saccageuse à plusieurs reprises de Rome, c’en était enfin fini et vengé. Donc véritable et totale victoire de Jules César ?
Combien de fois sont cités les Germains d’Arioviste ou les Helvètes d’Orgétorix ? Qu’est-ce qu’un Germain de la Mitteleuropa par rapport à un Gaulois de l’Europe atlantique ou un Helvète des contreforts suisses, ou par rapport à un Galate de l’Ouest de l’Asie Mineure ? C’est la même culture du point de vue archéologique.

Depuis que l’on sait que le foyer civilisationnel fluvial danubien d’il y a 7 500 ans, puis la culture de la Tène émergeant vers -450 ans, douée dans son travail des métaux, on ne peut plus dire César a écrasé la Gaule. César avait devant lui une avant-garde atlantique de ce qu’on appelle la civilisation celtique, laquelle était d’une immensité continentale (l’Europe). Une civilisation celtique sachant parer et absorber toutes incursions de peuplades nomades pour les intégrer.
L’accrochage entre la civilisation celte et la civilisation romaine devait donner naissance à un après. Cet après ne fut point ce que César déciderait par envie, orgeuil, colère, avarice, mais un après qu’il subira : il s’auto-proclame détenteur des pleins-pouvoirs, et sera assassiné par la luxure : son propre fils bâtard Brutus l’assassinera.

Comme quoi dans toute guerre il faut respecter son adversaire.
