ORGETORIX-monnaie

Parmi les rares Helvètes d’avant l’ère chrétienne dont le nom nous soit connu, deux seuls ont eu un rôle historique : Divico, le chef de l’armée des Helvètes lors de la victoire sur les Romains en 107 et leur porte-parole avant la défaite de Bibracte en 58 (Bellum Gallicum I, 13-14) ; et Orgétorix. Sur Orgétorix, chef du peuple helvète lors de la grande migration historique, en 58 avant J.-C., le témoignage principal est celui de César, qui nous relate, au début de la Guerre des Gaules (I, 2-4 ; 26, 4), son complot, son procès et sa mort en prison.

Divico mène des pourparlers lors d’une ambassade que reçoit Jules César.

« Une conjuration » des noblesses helvète, éduenne et séquane

En 61 avant J.-C., nous dit César, « séduit par le désir de la royauté, il fit une conjuration de la noblesse et persuada ses concitoyens de quitter leur territoire avec tous leurs biens » (I, 2, 1). Parmi les préparatifs nécessaires à cette migration figurait la confirmation des bonnes relations diplomatiques avec les Etats voisins, les Séquanes et les Eduens (I, 3, 1). Orgétorix fut chargé lui-même de ces contacts, qui ne tardèrent pas à devenir des liens personnels : or, Casticus le Séquane et Dumnorix l’Eduen, aspiraient comme Orgétorix au pouvoir royal. Ce dernier donna à Dumnorix sa fille en mariage (I, 3, 3-5). Les trois princes ambitieux se prêtèrent serment, avec l’espoir de dominer, grâce à leurs trois peuples, sur toute la Gaule (I, 3, 8). Un dénonciateur révéla le complot aux Helvètes : arrêté, Orgétorix devait être condamné à être brûlé vif (I, 4, 1). Grâce à sa suite fort nombreuse, il put échapper au procès ; les aristocrates soulevèrent le peuple contre la manoeuvre d’Orgétorix, qui, selon la version officielle des Helvètes, se suicida en prison (I, 4, 2-4).

Une monnaie frappée, représentant Orgétorix.

La cause de cette conjuration

Cette « conjuration de la noblesse » et l’échec de son protagoniste doivent être placés dans le contexte des années 61-60 avant J.-C. : au nord, les Helvètes sont harcelés « dans des combats presque quotidiens » par les Germains (I, 1, 4) et observent, au sud-ouest, la répression par les Romains du soulèvement des Allobroges (I, 6, 2-3 ; cf. Dio Cass. 37, 47-48). En plus des troubles causés par ces deux peuples voisins en guerre, les Helvètes assistent à la défaite des Eduens face aux Séquanes ; ceux-ci avaient appelé à leur secours Arioviste et les Suèves et avaient ôté aux Eduens l’hégémonie en Gaule (I, 31, 3ss.); or la victoire des Séquanes s’était accompagnée de la confiscation de leurs meilleures terres par les soldats d’Arioviste, qui exerçait une tyrannie insupportable (I, 31, 10-13).

By FredCoulon

Historien antique et auteur du roman historique GUERRE DES GAULES, Tome 1, à paraître prochainement sur AMAZON KINDLE.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *